vincenzo bartolomeo. quelques lettres pour un unique visage.
quelques semaines à présent qu’il obsède la moindre de ses pensées alors qu’elle s’évertue à prouver sa culpabilité dans les affaires de gang qui grignotent détroit. elle ne devrait pas avoir son visage imprimé sur la rétine, mais c’est une habitude qu’elle a développé : contempler la photo qu’elle possède de lui et chercher à en retirer le moindre de ses secrets.
pas très efficace pour le moment.
le plus dur, dans le but qu’elle s’est fixé ? c’est qu’on ne peut absolument pas se fier à un minois. un homme peut avoir l’air le plus adorable du monde et avoir déjà décapité des chatons innocents parce qu’il aura trouvé ça drôle. et vincenzo… le simple fait d’être un bartolomeo le catégorise dans « les méchants ». parce qu’il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’en quelques années, cette famille s’est hissée dans le haut du panier. rois régissant une ville viciée, une sin city en pleine expansion, ils contemplent un royaume de décrépitude, perdus on ne sait où – mais suffisamment en hauteur pour voir l’œuvre de quelques années s’accomplir et les âmes se flétrir.
ce soir, nur a décidé d’arrêter d’être passive. vincenzo est la clé d’un scoop important, elle en est persuadée ; si la vie lui a bien appris une chose, c’est de se fier à son instinct. il paraît que c’est un truc journalistique. et au fond, elle ne peut nier que son instinct lui hurlait que quelque chose clochait avec son père quand ils vivaient encore tous ensemble et qu’elle perdait son temps à l’aduler.
elle a trouvé des renseignements sur les activités de sa proie et a rejoint le district est, dans l’un des clubs de vincenzo. il est de notoriété publique qu’il possède quelques clubs où des filles peu vêtues se trémoussent en échange d’argent, et nur s’est persuadée qu’elle pourrait se glisser parmi elles pour leur soutirer quelques renseignements le plus discrètement du monde. sa couverture étant parfaite, elle entrera et ressortira sans encombre – du moins, c’est le plan initial. concernant un possible plan B, il demeure en construction.
elle pénètre alors par une des portes de derrière et avance rapidement jusqu’à une petite pièce – un genre de débarras – où elle se change. être trop vêtue dans ce genre d’endroit paraîtrait irrémédiablement suspect, surtout pour une femme. à moins d’être une cliente, ce que nur n’était absolument pas – est-ce que vincenzo bartolomeo possède seulement des hommes qui se prostituent ?
le corps dénudé, la poitrine à l’étroit dans un corset un peu desserré – pour avoir une liberté de mouvement, et parce que ce n’est pas évident à fermer seule – et les cuisses perdues dans des bottes trop hautes, elle se meut lentement mais avec assurance parmi les prostituées. le palpitant de nur se contracte de tristesse à l’idée de la vie qu’elles doivent mener pour être obligées de faire quelque chose d’aussi humiliant… mais nur n’est pas flic, et nur ne cherche qu’à dénoncer, pas à punir. les paupières recouvertes d’un fin trait d’eye-liner et les lippes rougeoyantes, elle ondule avec un soupçon d’exagération les hanches. elle s’approche d’une des filles, un peu en retrait, quand elle se fait alpaguer par un homme – un italien qui lui agrippe fermement les fesses, un macho – qui la traîne, sans qu’elle ne comprenne trop comment, jusqu’au carré VIP.
le plan B, donc… et dire qu’elle n’a même pas eu le temps de poser la moindre question…
- allez chérie, montre-nous de quoi t’es capable.
il ordonne, et les poils sur la nuque de nur se hérissent. se faire parler de la sorte, c’est complètement contraire à ce pour quoi elle se bat – entre autres. mais elle ne discute pas, elle n’est pas là pour ça – et se promet qu’elle trouvera une façon ou une autre de lui faire payer ses mots.
elle approche donc de la barre de pole dance et commence à remuer. elle n’est pas très adroite, mais pas totalement maladroite non plus. le même homme reprend la parole pour arguer, moqueur :
- elle débute on dirait.
si nur s’imagine avec une facilité déconcertante ses mains autour du cou de cet enfoiré, elle fait appel à toute la sensualité qu’elle possède pour ne pas être trop gauche et les séduire. au fond, ce n’est pas tant la danse qu’ils regardent que son corps – marchandise controversée.
et c’est là qu’elle remarque vincenzo. du coin de l’œil, elle le voit assis à une table avec d’autres hommes. elle décide alors de quitter le podium – non sans quelques remarques et commentaires de cet homme qui l’a prise en grippe – pour aller, d’une démarche farouche, contre le bartolomeo.
- bonsoir.
elle susurre alors qu’elle se rapproche, frotte légèrement sa poitrine contre le torse de sa cible. être amenée à faire de telles choses la dégoûte, et en même temps, elle prend un plaisir assez malsain à être si proche de lui sans qu’il ne sache qui elle est. du moins, c’est ce qu’elle croit…
elle lui tourne autour comme une chatte en chaleur, non sans augmenter les divers contacts avec lui. et de l’autre côté, ses oreilles demeurent alertes à la moindre conversation qui pourrait fuser et qui servirait ses intérêts.