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No hard feelings ♦ Ming
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Le doux fumet des grains fraîchement moulus émanait des gobelets en carton qu’il tenait à la main, pâle imitation de l’excellence italienne en matière de café. Boisson à la fois énergisante et réconfortante, elle était le parfait allié pour les journées difficiles et les rudes déceptions, le remède idéal à offrir aux personnes dont on apprécie les efforts… ou les échecs. Adossé au muret de la sortie du commissariat de Detroit, Vincenzo Bartolomeo attendait avec impatience une connaissance qu’il trépignait de surprendre par sa présence, conscient qu’elle ne s’attendrait certainement pas à le voir ici. Pour la peine, il s’était même levé plus tôt qu’à l’accoutumée, sacrifiant sa grasse matinée habituelle afin d’être fidèle au poste en ce début de journée. Certes, la nuit avait été longue et frustrante pour le trentenaire, certains de ses hommes ayant commis l’erreur de se faire arrêter durant la soirée, surpris à violenter un mauvais payeur pourtant fidèle du réseau de prostitution des siciliens. S’ils avaient passé la nuit au poste et avait un temps risqué l’assignation au tribunal, Vince avait quant à lui utilisé certaines de ses ressources les plus secrètes pour s’assurer qu’une telle inculpation n’ait jamais lieu : aussi bêtes avaient-ils été, leur efficacité constituait un atout dont le Serpent ne pouvait se passer. D’ailleurs, le fait de penser à eux suffit à les faire apparaître, les deux malabars sortant du bâtiment avec une fierté non dissimulée mais qui s’étiola à l’instant même où leur regard croisa celui de leur patron, sentant la fatalité de la punition pendre au-dessus d’eux telle une épée de Damoclès à la pointe affûtée. Disparaissant comme ils étaient arrivés, ils s’éclipsèrent à l’arrière d’un taxi alors que, marchant quasiment sur leurs talons, l’héroïne du jour s’extirpait de l’antre dans laquelle elle avait dû passer la nuit.

Ming Xzao était sans nul doute l’une des représentants des forces de l’ordre les plus justes et les plus efficaces qu’il était possible de trouver à Motor City. Cela faisait d’elle une policière exemplaire et par extension, l’un des pires cauchemars pour des professionnels comme Vincenzo. Aussi déterminée que bornée, elle n’avait eu de cesse depuis leur première rencontre d’essayer de faire tomber l’italien dont les méthodes de corruption entravaient fortement ses enquêtes. Il avait cependant toujours eu l’avantage sur elle, sa défense ainsi que ses connexions au sein du commissariat le rendant relativement intouchable lorsque les chefs d’accusation étaient incomplets ou trop légers pour l’emmener au tribunal. Entre eux, une dynamique néfaste s’était installée et il pouvait clairement déceler la haine de la part de l’asiatique qu’il venait régulièrement provoquer et narguer, tel l’insupportable prétentieux qu’il aimait être. Alors qu’elle passait à proximité de lui, il se permit de l’interpeler : « Mauvaise nuit inspecteur Xzao ? Ne vous en faites pas, ces criminels ne perdent rien pour attendre : vous les aurez à un moment donné… ». Sourire narquois qu’elle devait abhorrer, encore plus lorsqu’il était agrémenté de ces commentaires hypocrites et expressément formuler pour la provoquer. Alors qu’il rapprochait d’elle, il feint une joie de vivre et une fraîcheur qui eut du mal à masquer la fatigue étirant ses traits : « Je me suis dit qu’en bon citoyen, il était de mon devoir d’épauler l’élite de Detroit en leur portant du café ! J’ai fait en sorte qu’il corresponde exactement à vos critères… Non pas que j’ai une connaissance parfaite de vos goûts !». Mensonge éhonté lorsqu’on savait qu’il tenait un dossier très détaillé sur la vie de Ming, chose dont elle devait certainement se douter vu la perspicacité dont elle avait toujours su faire preuve quand il s’agissait de son rival à l’allure rebelle. Tendant un gobelet à la demoiselle, Vince porta le sien à ses lèvres en faisant mine de scruter au loin, prenant un air faussement sérieux : « Alors c’était quoi cette fois ? Je parie qu’il s’agissait de ces vauriens de McByrne… Rah, saloperie d’écossais... ». L’art de la surenchère dans le foutage de gueule, quelque chose que le Bartolomeo avait élevé jusque des sommets inexplorés… Pas certain que cela soit au goût de l’inspectrice toutefois…
Ven 5 Oct - 2:04
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